Les responsables de la Communauté d'Agglomération Seine-Eure ont invité la presse à une visite de chantier du dernier gros bijoux, en date. La première pierre était déposée en juin 2012, l'ensemble sera livré au public en février 2014. De la Charte Graphique à la pateaugeoire en passant par le grand bassin de 50 mètres et les trois autres plus réduits, jusqu'au jacuzzi, tout a été pensé. Au prix fort, il va sans dire.
C'est une grande structure. Tout, ou presque, y est. Pour le sport, la détente, le loisir. Le complexe aquatique est destiné aux 68 000 habitants de l'Agglomération et à d'autres de l'extérieur, à volonté. L'ensemble est constitué de plateformes extérieures, appelées terrasses et d'un bassin de 50 mètres, hélas non homologué. L'intérieur présente des surfaces spacieuses, baptisées Espace Aquatique Intérieur. Il est composé d'un "bassin spotif" de 25 mètres, d'une surface de 510 m2 et d'une profondeur de 2,50 m, avec 8 lignes d'eau; un "bassin d'apprentissage" de 150 m2 et d'une profondeur de 0,80 à 1,30 m, destiné à des activités d'aquafitness; un "bassin ludique" de 122 m2 d'une profondeur d'1,10 m, de nage à contre-courant; un "très grand tobggan" d'une longueur de 60 mètres linéaires avec une arrivée aquafreinée; une "lagune de jeux d'eau" et des pateaugeoires de 50m2 et 30 m2, enfin "un jacuzzi pour buller en toute convivialité".
Le complexe portera le nom de Bernard Lefèbvre
C'est un hommage à l'ancien adjoint chargé des Sports de la ville de Louviers et de la CASE, décédé en 2010, que les élus ont voulu rendre, homme aux grandes qualités humaines et professionnelles. Bernard Lefèbvre avait été aussi proviseur du Lycée des Fontenelles de Louviers.
Présent à la conférence de presse-visite de chantier, l'architecte. Il ne tarit pas d'éloges sont travail, certes conséquent et fonctionnel. Côté coup d'oeil extérieur, il y a à boire et à manger. Situé en pleine nature, le long de la rivière Eure, l'architecture aurait pu être davantage en phase avec le site. Le choix d'immenses lignes et poteaux à la verticale, rangés comme des militaires au garde-à-vous, n'est pas très attirant. Heureusement, les usagers ne fréquenteront pas le lieu pour ses lignes extérieures, mais pour les lignes d'eau des bassins.
Une bagatelle de plus de 19 millions d'euros
Caméra Diagonale se permet une question pouvant intéresser les usagers et contribuables. Une question, il faut en convenir, très imagée "Etait-ce bien utile de s'offrir une danseuse, de ce prix, par les temps qui courent?" Le président de la CASE, Patrice Yung, prend la question avec humour et y répond sans ambage (voir vidéo). L'architecte, lui, la prend de haut. On peut le comprendre, ses émoluements ne sont pas ceux d'un smicard. En l'occurence, plus l'enveloppe est haute plus il peut mettre d'épinards dans son beurre....
Le sens de la question ne constitue nullement une attaque envers quiconque. Il s'agit seulement de s'interroger si cette structure aquatique pouvait être pensée différemment, à savoir faire l'impasse sur le superflu. Par des temps de crise, où l'argent manque, où les collectivités sont invitées à compter et à dépenser diffréremment, des pateaugeoires et autres jacuzzis auraient pu rester dans les cartons...jusqu'au retour de temps.
Coût total de l'équipement: 19,4 M€, dont 3,5 M€ Région Haute-Normandie; 2,5 M€ conseil général Eure; 1,1 M€ CNDS National; 218 000 € Fédération Française de Natation; 40 000 € réserve parlementaire du député; 11 M€ Communauté d'Agglomération Seine-Eure.
@José
Ton exposé appelle deux remarques.
1 / L'architecte a beaucoup travaillé sur l'insertion dans le site et personnellement, je trouve les points de vue sur le site ( de l'intérieur comme de l'extérieur ) très attirants.
2 / Sur le montant et la nature des travaux en temps de crise. Il s'agit d'un fort investissement, c'est vrai. Mais, précisément, lorsque la consommation des ménages baisse, le moteur de l'économie, ce qui fait travailler les entreprises, c'est l'investissement. Et l'investissement des collectivités, c'est 75 % de l'investissement public. Bref, il est vertueux d'investir en temps de crise. Les finances de la CASE sont saines et ne seront pas déséquilibrées par cet investissement.
Et le fonctionnement ? Pour équilibrer les dépenses de fonctionnement, il faut de fortes recettes. Pour avoir de bonnes recettes, il faut une bonne fréquentation du public. Et pour une bonne fréquentation, il faut donner au public ce qu'il veut trouver... La piscine de papa, c'est fini ! Il faut de l'animation, des toboggans, du ludique et, pour les adultes, toute la série de saunas, jacuzzis, hammam, espace de fitness qui font le succès des piscines modernes. La encore, l'investissement dans des équipements variés est indispensable pour des recettes de fonctionnement durable
Rédigé par : FM | 19 décembre 2013 à 13h59
@ Franck Martin
Ton commentaire appelle plusieurs remarques.
Je n'ai pas écrit que l'architecte a peu travaillé. Sur l'insertion du site, nous sommes dans les fondamentaux des goûts et des couleurs qui ne se discutent pas, mais se ressentent intérieurement. Et en l'espèce il ne peut y avoir d'unanimité. Est-il permis de le dire, ou non?
Qu'il me soit permis, aussi, de préciser que le rôle premier des collectivités n'est pas d'investir pour donner du travail aux entreprises, mais de faire profiter ces entreprises des décisions d'investissement, dont le but est l'intérêt général. Nous n'avons pas vocation à créer des ateliers de travail, pour donner du travail, comme du temps des Républiques soviétiques.
S'il est bon d'investir en temps de crise, il faut le faire avec toute la latitude des temps de crise, c'est-à-dire d'aller à l'essentiel pour limiter au mieux la pénurie, en laissant de côté le superflu, momentanément. Ce que je dis n'est pas un scoop. La Cour des Comptes, l'Etat (haute fonction publique), le gouvernement, la droite, la gauche, les entrepreneurs, les consommateurs, tous recommandent la responsabilité dans les dépenses. Si les collectivités ne veulent pas entendre raison, il arrivera un jour où on la leur imposera, malheureusement, pour de la vraie pénurie.
Rédigé par : Caméra Diagonale | 19 décembre 2013 à 14h29
@José
Sur les goûts et les couleurs, tu as raison, nul ne peut trancher objectivement. Tu as donné ton point de vue, j'ai donné le mien. Tout va bien.
En revanche, l'idée de contracter l'investissement public après un krach financier a accéléré la catastrophique dépression des années 30, en comparaison de laquelle la "crise" actuelle est une aimable plaisanterie. Le New Deal, qui a permis la sortie de crise, était basé sur la relance de la dépense publique, théorisée par Keynes. L'excès de dépenses publiques pose problème à la monnaie, mais c'est une autre facette de l'histoire écoonomique... car toutes les sorties de crise demandent une relance de l'investissement. Il n'y a que dans la zone euro que l'on se cramponne au dogme de l'austérité, vecteur de récession.
Rédigé par : FM | 19 décembre 2013 à 18h47
Autant je suis très attentif et sensible au niveau des dépenses d'investissement des collectivités locales - et tout particulièrement de celles de Louviers et de la CASE - autant je ne partage pas les critiques relatives au coût du futur Centre aquatique de notre agglomération.
En effet, sans être un spécialiste de "l'aquatique" il me semble clair...et il suffit pour cela d'écouter autour de soi les personnes utilisatrices de ce type d'équipement...que l'on ne peut pas faire les choses à moitié.Il faut pouvoir y faire du sport, s'y détendre, s'y amuser et de préférence en famille.
Cet équipement répond à une réelle attente dans notre ville et notre agglomération....faisons tous en sorte que sa fréquentation soit la plus forte possible...et pas seulement pour l'enjeu financier.
Le Centre aquatique Bernard Lefebvre doit devenir un lieu de sport, bien sûr,mais aussi de convivialité et de bien être.
Comme beaucoup de Lovériens j'ai hâte d'en profiter!
Christian Renoncourt
Rédigé par : christian renoncourt | 19 décembre 2013 à 23h22
Effectivement ! Les lovériens auront été privé de piscine pendant près de 20 ans, en raison du choix de la municipalité Proust de la remplacer par un investissement coûteux et surdimensionné : la patinoire. La patinoire aurait pu cependant couter beaucoup plus cher, en visant à ce que sa construction soit plus rationnelle et permette de limiter les coûts de fonctionnement notamment en terme d'isolation. Un équipement de qualité coûte cher. Mais la qualité permet d'assurer sa pérennité, ce que confirme Patrice Yung, par ailleurs connu pour être particulièrement attentif en ce qui concerne la gestion. Il serait par ailleurs fautif de comparer les équipements créés par la municipalité du docteur Martin en 1968 et qui ne visait qu'une commune de 18.000 habitants. Là, la piscine est d'emblée intercommunale, ce qui est logique.
N'oublions pas qu'un français sur 5 ne sait pas nager, et que la natation est une mission de service public. Il faut donner envie aux enfants de nager, et l'apprentissage réussi passe par le plaisir.
Rédigé par : Olivier Taconet | 20 décembre 2013 à 15h14